Hockey junior  Coupe Memorial

Le cœur et l’âme
des Foreurs

LONDON — Bien sûr, il y a Anthony Mantha et ses buts. Il y a Antoine Bibeau et ses arrêts. Mais les Foreurs de Val-d’Or ne seraient pas les Foreurs de Val-d’Or sans leur capitaine, Samuel Henley, attaquant costaud et fier Abitibien issu d’une famille de hockeyeurs.

« Sam, c’est le cœur et l’âme des Foreurs, tranche l’entraîneur Mario Durocher. Il a l’équipe tatouée sur le cœur. Il ne faut pas parler en mal de Val-d’Or devant un membre de la famille Henley, à moins de chercher des problèmes. »

« Pour lui, c’est une fierté de jouer pour sa ville. »

Les trois « frères Henley » ont tous, à un moment ou un autre, fait partie de l’équipe qui a bercé leur enfance à Val-d’Or. Samuel a repris le titre de capitaine de son grand frère Cédrick, qui a arrêté de jouer au hockey cette année. Le plus jeune des Henley, David, a été repêché par les Foreurs avant d’être échangé aux Islanders de Charlottetown durant la période des Fêtes.

« Onde de choc chez les amateurs de hockey de Val-d’Or », pouvait-on lire dans un journal abitibien lors du départ du jeune David, « un p’tit gars de la place ».

Samuel, quant à lui, achève sa dernière année junior. L’attaquant de 20 ans, 6’5 et 220 lb ne pourrait pas demander une meilleure conclusion. Il a remporté la Coupe du Président. « C’était la folie à Val-d’Or, j’en reviens toujours pas », dit-il. Il se retrouve à la Coupe Memorial. Et il a enfin un contrat professionnel en poche, gracieuseté de l’Avalanche du Colorado, qui a mis le grappin sur lui il y a deux semaines.

« J’étais extrêmement déçu de ne pas être repêché. C’est toujours l’incertitude quand ça arrive, parce que le joueur n’appartient à personne », note Henley au cours d’un entretien téléphonique ponctué de pauses – « parce qu’un coéquipier me lance des choses ». Il avait ensuite participé à des camps des Capitals de Washington et des Blues de St-Louis, sans succès.

Mais Henley vient de connaître une saison à l’image de celle des Foreurs : excellente. Il a récolté 39 buts et 69 points en 51 matchs. Il a piloté le trio le plus craint de la LHJMQ, aux côtés d’Anthony Mantha et de Louick Marcotte. Il a continué à bloquer des tirs et à jouer avec chien, ce qui a fini par séduire une équipe de la LNH.

« Son contrat avec Colorado, c’est mérité. Ça fait deux ans que, lorsque les dépisteurs viennent dans mon bureau, je leur demande c’est quoi le problème avec les frères Henley, raconte Mario Durocher. Quand ils me disent que Samuel est un petit peu lent… Il y a pas mal de gros bonshommes de l’Ouest qui sont lents. S’il jouait en Ontario ou dans l’Ouest, il aurait été repêché et signé, merci bonsoir. »

UN RÊVE D’ENFANCE

Invité à décrire le style d’Henley, l’entraîneur des Foreurs parle d’un joueur besogneux et acharné. « Quand les fils se touchent, il peut être méchant. Il est capable de se battre, il frappe, il est intense. Mais il est conscient de l’aspect défensif. Il est le premier à aller dans les coins et à frapper dans sa zone », décrit Mario Durocher.

Selon lui, le passage de Patrick Roy à la barre de l’Avalanche peut expliquer le recrutement de Samuel Henley. Roy a engagé André Tourigny comme adjoint. Tourigny a été entraîneur-chef des Huskies de Rouyn-Noranda pendant 10 ans. « Il a souvent vu Samuel en action », note Durocher. Et selon l’entraîneur des Foreurs, Patrick Roy rêve « d’avoir un gros bonhomme à mettre devant le but adverse en avantage numérique ». Henley, selon lui, est le candidat idéal.

L’attaquant sait ce qu’il doit faire cet été pour faciliter son passage vers la Ligue américaine et, plus tard, vers la Ligue nationale. L’Avalanche lui a demandé d’améliorer son « explosion » et ses débuts de présence. Il participera au camp de développement de l’équipe en juillet, puis à celui de la rentrée.

Entre-temps, le « p’tit gars de la place » vit un printemps parfait. Samuel Henley a ramené la Coupe du Président à Val-d’Or, chez lui, devant sa famille. Il a accompli un rêve d’enfance. « Il n’y avait pas grand-monde qui croyait en nous, rappelle-t-il. Il y a pas mal juste nous. »

Le « cœur et l’âme » des Foreurs peut dire mission accomplie.

Hockey junior  Coupe Memorial

« On n’a pas peur »

Les Foreurs passent aux choses sérieuses. Après leur victoire de vendredi contre
les Knights, l’équipe hôtesse, les représentants du Québec vont se frotter ce soir et demain aux champions de l’Ontario et de l’Ouest.

Val-d’Or n’a besoin que d’une victoire en deux matchs pour s’assurer de participer à la demi-finale de vendredi. Mais leurs adversaires de ce soir ne leur rendront pas la tâche facile. Le Storm de Guelph est l’équipe la plus redoutée du tournoi. Elle a entamé leur parcours avec une victoire de 5-2 contre les Oil Kings d’Edmonton.

« Ça va être deux bons matchs de hockey, contre deux bons clubs. Guelph a une équipe rapide qui a du punch à l’attaque. Ils sont bons en avantage numérique », concède l’entraîneur Mario Durocher.

Les Foreurs ne pourront pas se permettre d’accorder plus de 40 lancers, ajoute Durocher, comme ils l’ont fait dans leurs derniers matchs. Vendredi soir, le gardien Antoine Bibeau leur a permis de se sauver avec la victoire grâce à 51 arrêts. « Les joueurs du Storm ont de bonnes mains en avant et deux bonnes lignes à l’attaque. Il va falloir mieux protéger l’enclave, c’est essentiel », dit l’entraîneur.

Le Storm et les Foreurs sont les équipes les plus offensives du tournoi. Guelph a marqué 340 buts en saison, pour une moyenne de 5 buts par matchs.

Demain, les Foreurs vont se mesurer aux Oil Kings d’Edmonton, une équipe costaude, au jeu physique. « On est costauds nous aussi. On n’a pas peur. On n’est pas intimidés, assure Mario Durocher. On est venus pour gagner. »

— Gabriel Béland, La Presse

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